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Plan social chez Carrefour : la faute à Amazon ?

Publié le par - 1840 vues

Le problème n’est pas (que) Carrefour et son positionnement sur le marché. Le mal est plus profond. Nous faisons le pronostic que d’autres chaines vont suivre. Il faut s’attendre à des réductions d’emploi massives dans l’ensemble d’un secteur en pleine (r)évolution. La faute à Amazon ?

Dans l’Hexagone, le distributeur annonce un plan de départs volontaires concernant 2 % des effectifs soit environ 2.400 personnes sur un total de 115.000. Dans d’autres pays, c’est un vrai bain de sang, à commencer par la Belgique où 11% des effectifs sont touchés et plusieurs magasins hyper fermés.

Bien sûr, le positionnement de Carrefour pose problème : coincée entre le premium et le hard discount, ni totalement hyper ni vraiment orientée proximité, les experts disent que l’enseigne occupe une place mal définie sur le marché. Si les experts le disent …

S’arrêter là serait une grosse erreur.

Le problème est malheureusement plus vaste, beaucoup plus vaste : le problème vient de la transformation numérique d’un secteur tout entier. Il faut s’attendre à une guerre des géants qui fera très mal. Dans moins de 10 ans, la grande distribution ne ressemblera plus du tout à ce qu’elle est aujourd’hui.

Un secteur à la traine …

31% du chiffre d’affaires généré par l’industrie mondiale du tourisme vient de l’Internet. Un peu plus de 10 % pour le secteur textile. L’équipement maison : 9 %. Les produits culturels : 12 %. L’informatique et les biens technologiques : 10 %. Et cela augmente chaque année …

En comparaison, le secteur alimentaire est très en retard : la proportion de commerce en ligne peine à dépasser 1,5 % dans le meilleur des cas.

Le commerce alimentaire est non abouti sur le plan de la transformation numérique : client et commerçant se rencontrent en présentiel et assument chacun une partie du travail (commande, empaquetage, livraison).

Par ailleurs, le client aime toucher ses fruits et légumes, voir sa viande et sentir son melon avant de l’acheter, de sorte qu’il y a une barrière psychologique non négligeable.

Tout ceci explique que ce secteur, pourtant crucial, est à ce point à la traîne.

Un enjeu colossal

Ce retard porte en lui une promesse : la marge de progression est énorme.

Le secteur pèse mille milliards de dépenses par an rien aux USA. Chaque petit % qu’un acteur Internet pourrait grapiller représente donc … dix milliards de dollars de revenus récurrents, rien que pour les USA.

Amazon en pole position

Nous avons déjà consacré deux actus au phénomène Amazon dans la grande distribution.

La chaine a testé en 2016, un nouveau concept de magasin passé (quasi) inaperçu en Europe, qui représente pourtant la plus grande révolution du commerce alimentaire depuis l’invention de l’hypermarché : un magasin totalement automatisé et sans caisse.

La technologie a été poussée à l’extrême : l’ordinateur sait que vous palpez 3 melons mais que vous en achetez un seul, il comprend que vous avez changé d’avis et remis en rayon le lait écrémé, il sait que tel produit est temporairement en réduction, il connait le poids de la grappe de raisins choisie, etc. Il n’y a rien à scanner, tout est automatisé. On se sert, on met dans le caddie, on s‘en va (la caisse a disparu car l’ordinateur sait exactement ce que contient votre caddie et sa valeur, et il débite votre compte Amazon et envoie un ticket de caisse détaillé par mail). Capteurs, senseurs, algorithmes, caméras, le cocktail technologique est époustouflant.

Le patron d’Amazon a de la suite dans les idées. Il a racheté (pour 14 milliards de dollars …) un réseau de 460 épiceries (bio, tant qu’on y est autant faire les choses bien) qui vont basculer vers son système.

Le client aura donc le choix dans un écosystème complet :

  • Le magasin en ligne ;
  • Le magasin brick and mortar revu à la sauce « techno Amazon Go » ;
  • En option, la livraison chez lui (par drone ? Oui, il faut juste être un peu plus patient).

Amazon Go a réussi à exploiter son expertise unique dans l’e-commerce avec un « vrai » magasin dans lequel le client voit et touche ses produits. Le rêve de toute enseigne.

Par ailleurs, ce que la technologie permet vis-à-vis du client, elle le permet forcément aussi vis-à-vis de l’exploitant qui connait, en temps réel, l’état des stocks du magasin. De quoi faciliter et rentabiliser le back office, augmenter la productivité, gérer en flux tendu les produits frais et réduire le gapillage.

Des signes qui ne trompent pas

Sur BFM TV, ce 31 janvier, Michel-Edouard Leclerc (patron de l’enseigne éponyme) expliquait que son plus gros chantier pour l’instant, est l’organisation de la livraison à domicile. Dès avril, quelques arrondissements parisiens seront mis en test. Il a prononcé plusieurs fois le mot « Amazon » dans l’interview …

Quant à Carrefour, à côté du plan social, il annonce l’arrivée de Tencent dans son capital.

Tencent ? Le holding n’est rien moins que la star de la bourse d’Hong-Kong, un groupe spécialisé dans les services internet et mobiles qui opère notamment l’application de messagerie instantanée WeChat (le cauchemar de Facebook, Twitter, Paypal et autres, car WeChat c’est tout cela en une seule application plus puissante, déjà utilisée par près de 800 millions de Chinois…).

L’arrivée de Tencent, dans le contexte évoqué ci-dessus, éclaire les choses d’une autre couleur : un groupe aussi volumineux que Carrefour met des années pour changer de cap. Il a déjà un gros retard. S’il veut survivre, il doit changer, et vite.

Nokia, la star des années 90, a été balayée pour n’avoir pas anticipé la révolution de l’écran tactile. Ni Leclerc ni Carrefour ne veulent subir le même sort.

Il reste alors la question à laquelle chaucun répondra comme il le souhaite : cette évolution, pour inéluctable qu’elle soit, est-elle un progrès ?

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