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Cyber harcèlement chez les jeunes : une vidéo controversée met les pieds dans le plat !

Publié le par - 281 vues

Cette publicité est de celles qui ne laissent pas indifférent. Difficile de rester de marbre devant ce crescendo dans l’intensité, jusqu’à l’insoutenable fin, le tout servi par une mise en scène dépouillée. Impossible de la regarder sans parler ensuite de son terrible sujet : le cyber-harcèlement chez les adolescents.

Une vidéo insoutenable

L’histoire commence d’une façon banale : une jeune fille, 15 ans environ, se filme en train de chanter un tube connu dans sa chambre et balance la vidéo sur Youtube. Beaucoup de parents reconnaîtront leur jeune fille…

Très vite, la jeune fille se rend compte qu’elle a fait une bêtise. Loin de susciter l’admiration, sa vidéo devient un sujet de moquerie. Puis ce sont les SMS qui arrivent, de plus en plus moqueurs. La jeune fille y réagit tout naturellement en combattant, mais elle se retrouve très vite submergée par ces SMS qui arrivent de toutes parts. Et de SMS en SMS, le ton et le contenu montent crescendo.

Petit à petit, notre adolescente se retrouve isolée. En apparence tout va bien. Mais à l’intérieur, elle est de plus en plus rongée par ce sentiment que toutes les victimes de cyber harcèlement décrivent : la conviction que le monde entier ne parle que de ça, que la vidéo mise en ligne innocemment est devenue un buzz incontournable, bref, l’incapacité de relativiser.

Dans la vidéo, l’isolement qui s’installe est représenté par une corde de pendu qui se rapproche inexorablement du cou de notre adolescente jusqu’à l’enserrer. Mais ses proches ne voient pas la corde invisible, jusqu’à la fin tragique.

Une controverse rageuse

Cette vidéo publicitaire, c’est la dernière initiative de l’association anglaise de lutte contre le cyber harcèlement.

But : s’adresser aux victimes et leur faire comprendre qu’elles ne sont ni les seules, ni toutes seules, mais surtout les inciter à ne pas répondre à la moquerie pour éviter de créer un cercle vicieux. Ne pas répondre oblige la victime à traverser des moments douloureux mais à un moment ou à un autre, les bourreaux passent à autre chose et s’intéressent à d’autres victimes, et la vie peut reprendre. Tandis que répondre à la provocation crée au contraire inexorablement une confrontation dont la victime finira tôt ou tard par sortir perdante.

Fallait-il pour autant tirer des larmes avec une vidéo sobre mais donnant dans le mélo ? Chacun se fera son opinion mais il est un fait que l’extrême isolement des victimes est probablement ce qui frappe le plus les personnes qui sont confrontées au cyber harcèlement des adolescents.

Lorsqu’il ne s’agit que d’un playback un peu ridicule comme dans la vidéo litigieuse, certains adolescents arriveront à communiquer avec leurs parents et autres proches.

Mais bien souvent, la bêtise commise implique peu ou prou une forme de sexualité. Le cas typique étant l’envoi d’une photo dénudée ou des mots d’amour un peu trop enflammés que le Valentin d’un soir détourne, ridiculise et rediffuse. Dans ce cas, plus l’intimité est en jeu, plus l’adolescent aura du mal à communiquer. Et s’il n’y a pas de structure d’aide pour en parler, l’isolement devient vite insoutenable. Et l’isolement est d’autant plus rapide qu’il s’auto-alimente de la tentative désespérée de la victime de répondre aux moqueries.

Bref, s’il faut passer par des vidéos aussi difficiles pour briser cet isolement et apprendre aux victimes comment réagir au mieux, qu’il en soit ainsi !

Un cadre légal souvent inefficace

Bien sûr, il existe une législation sur le harcèlement. Il en existe même plusieurs, parfois très spécifiques comme cette incrimination visant ceux qui filment une agression dans le but de pouvoir diffuser ensuite la vidéo (slapping). La question n’est pas l’existence de la norme, mais son efficacité.

Le problème est triple :

Sortir ce comportement de l’ombre

D’une part, pour réprimer efficacement le harcèlement, il faut sortir cette pratique de l’ombre. Exactement comme on l’a fait pour les abus sexuels sur mineurs dont le nombre n’a probablement pas augmenté entre les années 90 et aujourd’hui, mais dont on arrive à parler aujourd’hui, ce qui était beaucoup plus délicat naguère. Et dès l’instant où en parler n’est plus tabou, on peut mieux quantifier, réprimer, protéger et prévenir. 

Or, on l’a vu, cyber harcèlement rime trop souvent avec isolement. On entend certes parler des cas dramatiques qui débouchent sur des issues fatales, mais ces cas sont terrifiants mais (heureusement) peu fréquents si on les compare aux milliers de cas qui ne sont jamais détectés parce que la victime elle-même n’appelle pas à l’aide.

Conscientiser les jeunes bourreaux

D’autre part, si le cyber harcèlement se retrouve dans toutes les couches de population et à tous les âges, il reste qu’il vise plus particulièrement les adolescents. Aussi bien au niveau des victimes que des bourreaux. Or, ces bourreaux n’ont pas souvent conscience de la gravité de leur comportement. Ils savent en général que c’est interdit, mais cela ne les empêche pas d’agir puisqu’ils ne mesurent mal la gravité de la chose.

Ce manque de prise de conscience est alimenté par le point précédent : comme la pratique est largement laissée dans l’ombre, les jeunes bourreaux ont l’impression que les conséquences pour la victime ne sont pas si graves que cela. Exactement comme le ferait un adolescent qui télécharge illégalement : il sait que c’est interdit mais après tout, peu de gens se font prendre et les stars du show-bizz gagnent bien leur vie quand même.

Créer des structures dédiées et formées

Enfin, il n’y a pas assez de structures dédiées à cette problématique spécifique, et on manque d’une stratégie globale et coordonée.

Est-ce le rôle de l’école ? Oui, si l’on se base sur les statistiques : le harcèlement le plus mal vécu est souvent celui qui provient de la communauté dans laquelle le jeune vit et auquel il est confronté chaque jour, et cette communauté est le plus souvent composée essentiellement de son milieu scolaire. Non, si l’on se base sur l’approche classique de l’enseignement dont les responsables ont bien d’autres choses à faire et sont de surcroît peu formés à gérer ce type de situation. Oui encore si l’on considère qu’utiliser les nouveaux médias fait partie intérgrante de l’apprentissage et doit donc être intégré dan la démarche scolaire.

On le voit, ce n’est pas tellement la règle de droit qui est en cause que le manque de stratégie coordonnée en vue de lutter contre ce fléau. Si au moins la vidéo litigieuse peut servir à en parler, c’est déjà ça de gagné.

Plus d’infos ?

Pour ceux que la vidéo intéresse : http://www.cybersmile.org/

Pour les jeunes qui sont concernés et voudraient parler à quelqu’un :

  • En Belgique : le numéro de téléphone « 103 », tous les jours de l’année, de 9h00 à minuit. Gratuit, anonyme.
  • En France : le numéro de téléphone « 119 », tous les jours de l’année, même la nuit. Gratuit, anonyme.

Pour les parents :

  • En Belgique : le même numéro 103 ou le 0800 2000 (cyber harcèlement en milieu scolaire).
  • En France : le même numéro 119 ou le 0800 200 000 (protection des mineurs sur l‘internet).

Droit & Technologies

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