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Galileo, concurrent européen du GPS, ne sera pas abandonné : l’UE le financera.

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On avait craint l’abandon pur et simple du système européen de géo-localisation Galileo, concurrent de l’américain GPS, par manque d’argent. L’industrie privée refusait en effet de financer ce projet colossal. Galileo est confirmé, et sera financé par des fonds publics européens. Un accord sur les retombées économiques a ét conclu. Soulagement …

En janvier 2006, le premier satellite de la constellation Galileo a été lancé dans l’espace où il flotte depuis lors à 23.000 km au-dessus de notre tête. Ce satellite expérimental, d’une durée de vie prévue de 2 ans environ, marquait le début de la phase de tests du système européen de géo-localisation.

Depuis lors, ce satellite se sentait bien seul. Galileo risquait ni plus ni moins que l’arrêt du projet ! En cause : le manque d’argent.

Galileo : des investissements colossaux

Galileo est, à terme, financièrement intéressant. Si l’on en croit les études, on parle d’un rendement sur investissements de 4,6 : des bénéfices près de 5 fois supérieurs aux investissements consentis ! On estime que 1,8 milliards de clients (aussi bien des personnes physiques que des machines géo-localisées) utiliseront des systèmes de géo-localisation en 2010, et que ce nombre devrait plus que doubler d’ici 2020. Toujours en 2020, le marché mondial total de la localisation et de la navigation par satellite devrait représenter pas moins de 2 500 milliards d’euros …

Des chiffres qui tournent le vertige. Mais, quel que soit le return, il reste que les investissements sont pharaoniques !

Le budget complet de Galileo représente pas moins de 3,8 milliards d’euros (sans compter sur les dépassements de budget, quasi inévitables dans un projet de cette envergure).

L’investissement est tellement grand que les états européens se sont déchirés sur le financement de Galileo, chacun voulant mettre le moins possible sur la table tout en espérant les retombées les plus élevées possible.

Comment financer tout cela ?

Au départ, les plans prévoyaient un financement privé : un consortium (EADS, Thales, Inmarsat, Finmaccanica, AENA, Hispasat, Deutsche Telekom), devait financer le projet, et recevait en échange le monopole de son exploitation.

Malgré les perspectives alléchantes de retour sur investissement, le consortium a refusé : trop gros, trop lourd.

Il restait alors à financer sur fonds publics, ou arrêter le projet.

•                     Arrêter aurait été humiliant pour l’UE, outre que les raisons politico-stratégiques qui ont justifié Galileo sont toujours valables. Le Commissaire européen était toutefois prêt à le faire s’il n’y avait pas un accord sur le financement.

•                     Financer sur fonds publics était hasardeux car plusieurs Etats y mettaient un veto, l’Allemagne en tête.

Finalement, c’est bien un financement public qui permettra au projet d’aboutir. Tel est le compromis trouvé l semaine passée. Au total, le financement porte sur 2,4 milliards d’euros, inscrits dans les budgets 2007 et 2008 de l’Union Européenne.

Le compromis n’a été possible que grâce à une savante clé de répartition des retombées industrielles.

Premier élément de l’accord : le programme est divisé en 6 segments, avec pour chacun d’eux un chef de file qui chapeautera le volet concerné, ainsi qu’une règle de non-cumul qui interdit plus de deux lots par groupe. Les 6 segments sont : satellite, lanceur, logiciel, relais au sol, centre de contrôle, gestion de l’ensemble.

Le non-cumul ne sera pas simple à appliquer. Prenons par exemple le cas d’EADS. EADS Astrium, repartie entre le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, sera probablement intéressée à la construction des satellites et elle est probablement la mieux placé pour cela. Mais il faudra lancer ce satellite ! Ce lancement, en l’état actuel, ne peut être opéré que par Arianespace, opérée par EADS. Les arbitrages, y compris à l’intérieur des groupes, ne seront pas simples.

Pour mieux éclater les retombées économiques, l’accord prévoit une obligation de sous-traitance à hauteur de 40% dans le but de faire participer un maximum de PME européennes.

Il ne s’agira pas que de PME européennes : il est possible de faire appel à des fournisseurs non-européens, à condition toutefois que l’on puisse justifier cela en termes de qualité ou de coût.

Finalement, c’est l’agence spatiale européenne qui est désignée maître d’œuvre, et c’est donc à elle que revient la responsabilité de gérer l’appel d’offre, de sélectionner les candidats, de conclure les contrats et de superviser l’ensemble.

Flash back. Pourquoi un concurrent européen au GPS américain ?

Depuis plusieurs années, la géo-localisation mondiale est assurée par le système américain GPS. Ce système bien connu, qui équipe de plus en plus de véhicules et autres matériels mobiles comme les téléphones et PDA, trouve son origine dans un projet militaire américain.

Les militaires ont toujours eu la maîtrise du système GPS, ce qui explique notamment que l’armée américaine peut en tout temps interrompre le service si ses besoins l’exigent.

Pendant la guerre du Golfe, il est arrivé plusieurs fois que des systèmes civils greffés sur le GPS aient été interrompus car les opérations militaires en cours nécessitaient toute la ressource du système … ou une discrétion totale.

Cette maîtrise militaire explique également que personne aujourd’hui n’est capable d’affirmer avec précision la puissance exacte du système GPS. On sait que dans ses applications civiles, GPS permet une géo-localisation à quelques mètres près, mais il se murmure que le système est volontairement « castré » lorsqu’il s’agit d’applications civiles, seuls les militaires ayant accès à l’utilisation complète qui permettrait une géo-localisation beaucoup plus précise. Par définition, personne, sauf les haut-responsables américains, n’est en mesure de dire si cette rumeur relève du fantasme ou non.

Toujours est-il que l’Europe a très vite marqué sa volonté de créer son propre système, car si elle veut être à terme une puissance militaire et politique mondiale, elle ne pouvait accepter de dépendre du bon vouloir de l’armée américaine pour toutes ses opérations de géo-localisation.

Galileo a eu le don d’irriter au plus haut point les autorités américaines, qui n’ont officiellement pas compris pourquoi l’Europe se lançait dans un projet concurrent au GPS. Les Etats-Unis ont effectué un lobby extrêmement important pour tenter de freiner le projet, voire de le stopper. Ils ont ainsi pris contact avec plusieurs états européens qui, lors des discussions qui se sont tenues il y a quelques années, ont parfois menacé de bloquer l’ensemble du projet.

Plus concrètement, les Etats-Unis ont aussi lutté pour que l’Union Internationale de Télécommunication accorde à Galileo des fréquences moins efficaces que celles utilisées par GPS.

Et il faut dire que Washington a obtenu des compensations. Notamment, l’Europe s’est engagée à limiter les potentialités militaires. L’Europe à également dû accepter de pouvoir brouiller à tout moment le signal Galileo, soit en totalité, soit partiellement lorsque des opérations militaires américaines ont lieu et sont menacées par de systèmes européens.

Partir an balade avec son Galileo n’est pas pour demain

Il y a encore loin avant le lancement des offres commerciales.

Fin décembre 2005, les responsables ont mis en orbite, avec succès, le premier satellite baptisé GIOVE-A (acronyme de Galileo In Orbit Validation Element). Il devait être suivi d’un second satellite, GIOVE-B.

Ensuite, dans un délai plus éloigné, deux autres satellites viendront compléter l’infrastructure spatiale nécessaire à la phase de validation, représentant au total quatre éléments en orbite.

Ces éléments spatiaux seront complétés sur terre de stations au sol : une en Allemagne une en Italie et une en Espagne.

Dès qu’une station au moins sera fonctionnelle, on pourra tester le projet. C’est ce que les spécialistes appellent la phase de validation. Son but est de vérifier la faisabilité technique du système, et de confronter les technologies actuelles à leur fonctionnement en situation réelle spatiale. Notamment, il est vital d’utiliser et tester les fréquences attribuées à Galileo par l’Union Internationale de Télécommunication, sous peine de risquer de les perdre.

Après la phase de validation, le projet prévoit l’envoi de 26 satellites supplémentaires, et l’achèvement des infrastructures terrestres, c’est-à-dire un réseau beaucoup plus complet de stations de réception et de nœuds chargés de recevoir les signaux et de les rediriger vers les réseaux terrestres.

Le projet qui devait initialement être finalisé en 2008 ne le sera qu’en 2010 selon les estimations optimistes, ou 2012-2013 selon les estimations plus pessimistes.

A quoi servira tout ce système ?

Les applications sont innombrables.

Outre les systèmes désormais classiques, tel les GPS qui équipent de plus en plus de véhicules pour aider la navigation, on songe à des applications industrielles dans les transports, les télécommunications, l’agriculture et la pêche : migration des troupeaux, gestion des jachères, gestion des trafics dans les villes surchargées, surveillance des pollutions, etc. Les conteneurs qui traversent le monde seraient localisables à chaque instant, tout comme les bateaux, les véhicules, et en réalité tout ce qui bouge.

On peut même imaginer un système dans lequel les autobus des services public seraient géo-localisés en permanence, les utilisateurs recevant un SMS, en fonction de l’endroit où ils se trouvent, les avertissant du passage dans X minutes à l’arrêt le plus proche, avec un message les guidant jusqu’à cet arrêt.

Les services de secours sont également des gros consommateurs, car il leur arrive souvent de recevoir des appels de détresse sans que la personne ne soit en état de donner avec précision sa situation géographique.

Bien entendu, les applications militaires sont aussi nombreuses, à commencer par le guidage des militaires lors d’opérations, ou le pilotage des avions sans pilote et des missiles.

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