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Crise grecque : l’incroyable rôle d’Internet dans les négociations

Publié le par - 48 vues

La décision de la commission européenne de publier sur son site Web la liste des modifications qu’elle exige de la Grèce en échange de la poursuite du soutien financier, est un formidable révélateur de l’incroyable mutation de notre société et de ce qu’on appelle l’administration électronique.

La crise grecque occupe tous les esprits. Il est vrai que l’enjeu est important. C’est ni plus ni moins que le modèle de l’Europe qui est en jeu.

Sans entrer dans les détails du dossier, on peut le résumer à une négociation entre deux blocs. Enjeu : quelles sont les conditions que l’État grec devra s’engager à respecter en échange du soutien financier des institutions européennes, du FMI et de la BCE ?

Confidentialité ou pas ?

Tout avocat le sait, dans certains cas, le secret d’une négociation réside dans sa confidentialité. Il est probable que s’ils avaient eu le choix, les négociateurs auraient largement préféré tenir les discussions secrètes. Il est probable aussi que les négociations aboutiraient plus facilement s’il avait été possible de les maintenir secrètes.

Las ! L’enjeu rend cette confidentialité quasiment impossible. Dans la mesure où le sort de millions de personnes se joue, on voit mal comment il serait possible de conserver la confidentialité des discussions. Des milliers de journalistes sont à l’affût. Des gouvernements jouent leur survie. Par ailleurs, ce ne sont pas des entreprises privées qui discutent, mais des pouvoirs publics qui rendent compte (au moins pour certains – la commission européenne n’est pas encore élu au suffrage démocratique) à la population.

C’est ce qui explique la relative transparence du processus : même si cela peut avoir un impact négatif sur les négociations, les parties prenantes sont obligées de communiquer, de se justifier, d’argumenter, etc.

Le rôle des réseaux sociaux

Quand le ministre allemand des finances, en pleine réunion de l’Eurogroupe, se fend d’un tweet, il sait parfaitement ce qu’il fait. Il utilise les réseaux sociaux dans le cadre de la négociation, pour distiller un message précis à un moment donné, afin de faire pression sur l’autre partie.

Quand le ministre grec, en réponse, tweete un avis personnel sur la proposition qui lui est faite, il agit exactement de la même façon.

Ce n’est pas la première fois que les pouvoirs publics utilisent de la sorte les réseaux sociaux pour convaincre l’opinion publique.

Nous avons notamment fait état de la façon dont le gouvernement local de Bruxelles avait utilisé Tweeter en 2013 comme outil de pression sur des grévistes. Face à une grève impopulaire, le gouvernement avait anticipé la grève et créé des canaux de communication et des # sur Tweeter. Lors de la grève, il a canalisé sa propre communication vers le # officiel et a réussi à y drainer l’ensemble des réactions de la population. Ce faisant, il a créé un véritable baromètre en temps réel de la popularité de la grève. Au moment venu, il a pu prendre la décision de briser la grève avec l’aide de la police en sachant qu’il avait le soutien de la population.

Si ce n’est pas la première fois que les pouvoirs publics utilisent les réseaux sociaux, la crise grecque est toutefois à notre connaissance la première utilisation des réseaux à un tel niveau.

La publication des propositions européennes

La décision de la commission de publier sur son site Web sa proposition au gouvernement grec, est par contre une véritable nouveauté.

Pendant des semaines, les négociateurs se sont accusés mutuellement d’imposer des choses inacceptables. Et comme personne ne sait exactement ce qui se dit autour de la table des négociations, parce que la désinformation règne, on en arrive à des situations surréalistes. Exemple : une partie accuse l’autre de vouloir imposer 23 % de TVA sur l’énergie, et se fait traiter de menteuse. Ambiance …

C’est là que la décision de la commission européenne est un incroyable révélateur de la mutation qu’Internet engendre dans la façon dont les gouvernements envisagent la gouvernance.

Le président Juncker a tout simplement décidé de publier sur le site Web officiel de la commission européenne, le document envoyé aux autorités grecques synthétisant les conditions auxquelles les institutions européennes acceptent de continuer à soutenir la Grèce.

D’un point de vue sociologique, ainsi qu’au niveau de l’analyse de la façon dont les autorités gèrent la crise, cette décision marque un tournant tactique. Ce tournant n’aurait pas été possible sans l’Internet. Grâce à une source fiable, en plein milieu d’une négociation extrêmement tendue portant sur l’avenir de l’Europe, un des négociateurs invite 400 millions de citoyens à être témoins de sa position en dévoilant publiquement son point de vue.

Ce faisant, la commission européenne indique clairement plusieurs choses :

·         elle a parfaitement compris les enjeux de la communication autour de l’Internet ;

·         elle se positionne dans la position de celui qui se sait « droit dans ses bottes » ;

·         elle court-circuite les médias dont le travail consiste à rechercher l’information, ne leur laissant que le décryptage.

Est-ce que c’était une bonne décision sur le plan politique d’une part, et de la négociation d’autre part ? L’avenir le dira. C’est en tout cas un pari dangereux et une nouvelle démonstration de l’incroyable mutation technologique, sociologique et politique que l’Internet engendre chaque jour.

Plus d’infos ?

sur le site web de la Commision.

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