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Bitcoin : les ICO au centre de la polémique

Publié le par - 4429 vues

Alors que la Chine vient de les interdire et que les USA rêvent de les règlementer, les ICO (Initial Coin Offering) cartonnent sur Internet. 300 millions de dollars levés en quelques mois. Tandis que le patron de JPMorgan qualifie le bitcoin « d’escroquerie », le cours de la crypto-monnaie s’envole.

IPO ?

Vous connaissez sans doute les introductions en bourse ? Dans le jargon financier on parle de IPO pour « Initial Public Offering ».

Le principe est simple : tout ou partie des actions d’une société seront désormais cotées sur un marché réglementé où elles pourront être achetées et/ou vendues en application de la loi du marché : si le nombre de personnes qui veulent en acheter est supérieur à ceux qui vendent, le cours monte.

Il y a deux motifs principaux pour aller en bourse :

  • La société est en croissance et doit financer celle-ci. Il n’est pas rare qu’une jeune société ait besoin d’argent frais pour financer sa croissance ou clôturer une phase de recherche et développement, ou encore pour prendre position sur un marché. C’est au départ pour cela que la bourse est faite : permettre à une demande (j’ai besoin d’argent pour un projet) de rencontrer une offre (j’ai de l’argent que je souhaite investir).
  • Les actionnaires existants ont envie de valoriser leurs actions. Lorsque des investisseurs de la première heure ont injecté quelques dollars par action dans une société, il est légitime qu’ils aient envie de vendre une partie de leurs actions si elles peuvent être valorisées généreusement sur un marché financier.

Très souvent, les deux motifs sont présents et mêlés. Il y a certes un projet à financer, mais il y a aussi, même si c’est moins clairement dit, l’envie des actionnaires existants de faire un beau coup.

Une IPO est une opération extrêmement lourde, que ce soit sur le plan économique, juridique ou réglementaire.

ICO ?

Les IPO sont tellement complexes qu’elles sont la plupart du temps hors de portée des start-ups : trop lourd, trop coûteux, trop rigide, trop lent.

Avec le développement des crypto-monnaies – Bitcoin et Ethereum en tête – on a assisté à l’émergence des ICO, acronyme de « Initial Coin offering ».

C’est en quelque sorte une IPO dans l’univers virtuel, mais il y a des différences fondamentales :

  • L’ICO ne se déroule pas sur un marché réglementé, contrairement aux IPO. C’est, en quelque sorte, une opération strictement privée. Une société déclare sur Internet sa volonté de lever des fonds en crypto-monnaie. Il n’y a pas de « gendarme ».
  • De cette première caractéristique, fondamentale, en découle une autre : le risque est réel. La lourdeur des IPO a pour but d’éviter d’offrir au public des dossiers frauduleux ou des canards boiteux, c’est-à-dire des sociétés qui ne sont saines qu’en apparence et qui vont, tôt ou tard, péricliter, entraînant dans leur chute tous ceux qui auront souscrit à l’introduction en bourse.
  • On aurait tort d’en déduire que les ICO sont par définition suspectes. Cela signifie seulement que le cadre réglementaire mis en place par les autorités publiques pour les IPO est absent. Cela dit, pour tous ceux qui pensent que ce cadre est de toute manière inutile ou inefficace, l’absence de cadre ne change pas grand-chose. Et il faut bien dire que dans le monde des crypto-monnaies, largement influencé par les courants libertaires, le niveau de confiance que l’on place dans le « système » est proche de zéro.
  • De la première caractéristique en découle également une autre : l’opération est plus souple, plus rapide. Qu’il s’agisse de la préparation (le prospectus, la mise en place du cadre économico-technique, etc.) ou de la réalisation, les choses se passent à grande vitesse. L’ICO elle-même ne dure parfois que quelques secondes, au cours desquelles des dizaines ou des centaines de millions de dollars sont récoltés.

Et ça marche ! Il y a une, voire 2 ICO chaque semaine sur Internet.

Coindesk a réalisé une analyse pour le premier trimestre 2017 : les entrepreneurs de la blockchain ont levé 327 millions de dollars via des ICO, contre 295 millions de dollars auprès des circuits classiques. (voir analyse en annexe)

Suspect ?

C’est la question qui agite le landerneau financier : les crypto-monnaies sont-elles un univers impitoyable où tous les coups sont permis, peuplé de hackers et autres fraudeurs, destiné à financer le crime organisé et le terrorisme ?

Nous n’allons pas trancher cette question quasi philosophique. Nous nous limiterons à rappeler que les crypto-monnaies ne sont pas réglementées par une banque centrale ou un Etat. C’est une caractéristique essentielle ; c’est à la fois leur force principale et leur faiblesse principale.

L’Homme étant ce qu’il est, l’absence de régulation engendre forcément un risque de fraude. Si je veux agresser quelqu’un, autant le faire sur un parking désert la nuit que devant un commissariat en pleine journée.

C’est la même chose avec les crypto-monnaies. Affirmer qu’elles furent créées dans le but de financer des activités illicites, révèle surtout un manque de compréhension de la matière. Il n’est du reste pas étonnant que les propos les plus virulents et alarmistes proviennent précisément de ceux qui ont fondé leur puissance et leur fortune sur le système centralisé des banques, des banques centrales et des Etats. Pas plus tard qu’hier, 13 septembre, Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase, déclarait que le bitcoin est une « escroquerie ». Tout en nuances venant du premier banquier de Wall-Street qui est, il est vrai, un monde qui n’a rien à se reprocher en la matière …

Car, ce que les critiques oublient de dire, c’est qu’une autre caractéristique fondamentale des crypto-monnaies est d’être fondamentalement transparentes, dans le sens où la technologie sur laquelle elles reposent est fondée sur une surveillance de l’ensemble des participants au réseau. Il y a donc, par l’effet de cette surveillance croisée, un puissant frein à la fraude. Dans l’analogie du parking, celui-ci n’est pas vraiment désert : tous ses utilisateurs ont en permanence une caméra pointée dessus pour s’assurer que tout va bien.

Les ICO interdites ?

La Chine vient récemment d’interdire purement et simplement les ICO.

La SEC (gendarme américain des marchés financiers) propose d’assimiler la crypto-monnaie émise lors d’une ICO à des actions de l’entreprise, dans le but de retrouver un pouvoir de régulation.

En Europe, les choses ne sont pas tranchées et les autorités des Etats membres ont parfois des approches divergentes.

Une chose est sûre : en ayant multiplié son cours par 3 en moins d’un an, le bitcoin attire toutes les attentions et les convoitises. Ce sera sans aucun doute un sujet amplement débattu dans les mois et les années qui viennent.

Droit & Technologies

Annexes

Rapport Q1 2017 de Coindesk

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